ECUE 22 a Littérature comparée. Le mythe du labyrinthe (P. Hubner)
A partir de trois oeuvres représentatives de l'évolution moderne du mythe, il s'agit d'étudier la transformation du motif central du labyrinthe, archétype d'une énigme fondamentale inscrite dans l'espace mais aussi dans le temps comme allégorie d'un devenir problématique et d'une destinée aléatoire. En cela l'oeuvre de Kafka est exemplaire car, si le terme de labyrinthe n'y est jamais explicitement employé, l'illustrent la structure en spirale du roman en 25 chapitres et le désarroi du personnage central du géomètre arpenteur, homme supposé de mesure et de raison qui ne parviendra jamais à connaître le sens, à la fois direction et signification, de sa mission par rapport au Château déserté par son Souverain, Empereur ou Dieu. Aussi la dimension héroïque du personnage mythique de Thésée, premier grand fédérateur de l'Attique, se voit mise à mal dans ces versions modernes du Château et plus explicitement dans L'Emploi du Temps, roman construit à partir du motif de la ville labyrinthe et de l'errance. Enfin Borges, dans le recueil de nouvelles de L'Aleph initialement intitulé Labyrinthes, ne manque pas d'illustrer par des récits aux points de vue et aux formes multiples, l'illusion kaléidoscopique des labyrinthes égarant l'homme face au monde jusqu'à transformer la figure monstrueuse du Minotaure en une figure sublime dont la conscience est au centre d'une des premières nouvelles. Tel est le renversement caractéristique de la modernité réhabilitant les figures maudites des mythes primitifs opposant le chaos à un ordre nouveau.