ECUE 231 La Côte d'Azur des artistes et des écrivains (P. Hubner)
L’appellation de « Côte d’Azur » est l’invention tardive de l’avocat et homme politique, devenu dandy et poète, Stephen Liégeard, qui profitant d’une villégiature cannoise et amoureux de la Méditerranée, invente la formule poétique pour supplanter le terme de Riviera commun à la France et à l’Italie. C’est l’époque des riches hôtes de la Riviera comme Lord Brougham, d’origine anglaise, ou le duc de Vallombrosa, d’origine sarde, des colonies britanniques et russes de Cannes à Menton, où l’on voit fleurir non seulement le mimosa importé d’Australie, mais se développer le palmier importé d’Espagne mais aussi des palaces et des fantaisies architecturales qui vont surimposer le kitsch au midi authentique, distinguant la Côte d’Azur de la Provence. Telle qu’elle a été poétiquement désignée par Liégeard, la Côte d’Azur s’étend des Îles d’Or de Hyères à Menton, ladite perle de France. La recherche peut s'articuler autour du recensement partiel d’un patrimoine culturel et architectural aussi divers que l’église des Pêcheurs peinte par Cocteau à Villefranche-sur- mer, le Jardin des Écrivains à Menton, la Villa de Noailles à Hyères... que de l’interaction qu’a pu avoir le décor littoral et méditerranéen sur l’art, l’écriture et la pensée d’artistes, d’écrivains et de philosophes. Partant en cela du magistral essai d’Alain Corbin sur les Territoires du vide. L’Occident et le désir du rivage, il convient de s’interroger sur ce paysage particulier de l’âme qu’est la Méditerranée, qui de - 23 - la terreur ou de la méfiance initiale qu’il inspirait est devenu un miroir, une source de réflexion au sens spéculaire mais aussi intellectuel du terme. Les exemples et les anecdotes sont innombrables qui fondent le patrimoine culturel de la récente Côte d’Azur cosmopolite et diverse, de cette fascination qu’elle exerce en tant que marge mais aussi du contraste qui la sépare souvent de l’arrière pays bien qu’il y ait des zones intermédiaires où les artistes ou les conservateurs ont su préserver l’authenticité de leur art loin de ce kitsch consubstantiel, de cette « station transitoire entre l’être et l’oubli » (Milan Kundera, L’Insoutenable légèreté de l’Être) à mi chemin entre cette marge côtière méditerranéenne et cet Azur dont rêvait le Poète.